Affiche des Universités de Printemps Interhack

Incipit introductif liminaire

Cet article présente un récit à peu presque chronologique et parfaitement subjectif des Universités de Printemps d’Interhack qui se sont tenues du 25 au 28 avril 2024 à Strasbourg.

Par soucis de confidentialité et de [Emplacement mémoire corrompu à l'offset: 0X0420ACAB::DEADBEEF], personne ne sera nommé individuellement dans cet article. Les photos diffusées ont été préalablement anonymisées dans la mesure du possible. Les vrai⋅es savent mais les vrai⋅es se taisent

J’ai pas pris énormément de photos, faudra faire travailler votre imagination! Comme d’habitude un petit bilan personnel et prospectif de l’évènement servira de conclusion à l’article.

L’article et l’ensemble de son contenu sont publié sous licence Creative Commons CC-By-NC-SA 4.0. détails des droits et restriction de cette licence ici

Programme complet des universités dispo ici.

Entités représentées:

  • La Semencerie, friche culturelle et artistique, site
  • Hackstub, hackerspace Strasbourgeois qui accueillait et organisait le festival, site
  • Le BiB, hackerspace montpelliérain, site
  • Tetalab, hackerspace toulousain, site
  • LOL, Laboratoire Ouvert Lyonnais, site
  • Labomédia, hackerspace orléanais, site
  • Le FuZ, hackerspace francilien, site
  • L’antenne, lieu collectif à Séverac, site
  • Petites Singularités, collectif hacker d’imaginairEs basé en Belgique, site
  • reflets.info, LE média d’investigation hacker, abonnez-vous!, site
  • La Quadrature Du Net, association militant pour les libertés numériques, site
  • Les mains dans la prise, émission radio des cultures hacker, page StationStation
  • Les Sans pagEs, collectif pour la visibilisation des femmes et des minorités de genre dans Wikipedia, site
  • La Bidouille 93, c’est nous! site
  • Toustes les autrEs (si vous avez été oublié⋅e et souhaitez rpz votre krou, envoyez votre candidature à jexiste_AROBASE_bidouille93_POINT_fr)

Jeudi 26

Un conteneur à déchets portant la mention: Ici nous recyclons vos CYBER ressources

Quand on arrive en ville

D’autres copaines de l’interhack sont déjà sur Strasbourg depuis le début de la semaine et profitent déjà des festivités c’est donc avec une certaine excitation que je prends le train pour Strasbourg d’autant plus que je n’ai pas pu assister à la précédente édition tenue à Orléans par Labomedia (voir ici).

Très vite à l’arrivée, je retrouve les copaines venues d’île de France par le même train, joie de la destinée, I’ll never walk alone dans cette ville que je découvre. Content!

Le petit groupe trace doucement vers la Laiterie, un des lieux devant accueillir une partie des activités, mais malgré l’inertie nonchalante du groupe nous arrivons trop tôt et trouvons porte close.

Peinture murale représentant des vaches avec différents attributs culturels

Nous rejoignons finalement la Semencerie, magnifique endroit regroupant la Hackstub, des ateliers partagés, une cuisine collective, des stations de réparation de vélos dans un grand hangar, ancien centre de formation équestre militaire reconverti en semencerie, reconvertie depuis 2008 en lieu autogéré.

Façade de La Semencerie

Trop content de retrouver les copaines de partout en France, câlins à toustes, je rencontre la personne merveilleuse qui accepte de m’héberger pendant le festival, puis notre groupe de fraîchement débarqué⋅es suit la guide à la découverte du lieu, des différents espaces et aménagements.

Photo prise de l'intérieur de La Semencerie montrant l'immensité du lieu

On est toustes impressioné⋅es certains ateliers sont de “niveau professionnel”, je pense à l’atelier de découpe bois, et l’ensemble du lieu présente une certaine harmonie entre le dawa nécessaire et l’indispensable organisation pour un lieu autogéré.

Après un premier café, motivation collective pour installer le Ninja, un jeu de réflexe et d’humilité, puis on part en petit groupe pour ouvrir le second lieu que j’appelerais par simplicité “La Laiterie” dans le reste de l’article.

Le Ninja, à peine installé déjà en action

Sans pagEs et sans reproches

Digression géographie du festival: La Laiterie est un site culturel qui s’étend sur tout un quartier près de la gare de Strasbourg et comprend plusieurs bâtiments, lieux et organisations (lisez Wikipedia). Trois d’entre eux accueillent des activités dans le cadre des universités: la salle de concert associative Molodoï, la Semencerie et la plateforme Artefact qui nous met à disposition des salles, dont la “Salle des colonnes”, dans un immeuble des bureaux. Des interventions étaient également organisées au centre démocratique du peuple kurde. Tous ces lieux sont à 10 minutes à pied les uns des autres, cette proximité évitant que l’étalement sur plusieurs endroits ne soit pénible. Fin de digression

Nous prenons donc possession des lieux qui nous sont alloués à La Laiterie, accrochage de banderoles pour le stand d’un squat local, ingénierie inverse empirique pour apprivoiser le tableau électrique et comprendre l’humour de son concepteur (pas de doute c’est un mec) et après une résolution de panne HDMI obligatoire mais dispensable, démarre l’atelier des Sans pagEs.

Logo des Sans-pagEs

Je prends l’atelier en cours de route, l’animatrice nous invite à créer nos comptes, une page projet et un groupe pour l’atelier et progressivement à découvrir une partie immergée de l’iceberg Wikipedia, de l’historique aux espaces de discussions.

Expérimenter ces fonctionnalités qu’on sait exister mais que je n’avait jusqu’ici jamais réellement pratiqué est facilité par notre guide qui nous partage également sa vision avec les outils d’administration, mettant en lumière l’intensité de l’activité sur wikipédia et l’ampleur du travail effectué par les bénévoles qui en modèrent les contenus.

L’atelier était très inspirant, comme un bon rappel que “la plus grande enncyclopédie du monde” est toujours un outil duquel on peut se saisir et qu’il faut entretenir.

Altertopies éco-logiques

Après l’atelier Wikipedia, je flâne un peu dans le hall et essaie de raccrocher les wagons d’une discussion en cours autour des utopies écologistes à imaginer dans un futur où les ressources matérielles seront limitées.

On tente de dégager à travers les échanges les usages désirables de l’informatique et des réseaux, ceux dispensables voire à abolir et à imaginer des moyens de le mettre en oeuvre.

Si j’adhère à la stimulation intellectuelle motivée par un espoir d’avenir techno-critique, je suis moyennement convaincu de certaines options proposées pour mettre en oeuvre la sobriété des usages numériques, comme la restriction horaire à l’usage qui revient à “monétiser la pollution” par le temps en faisant peser le poids sur les usager⋅es, ça me rappelle l’époque de l’ADSL à la minute.

Les discussions ont le mérite de poser plein de questions intéressantes, en vrac:

Qu’est-ce qu’on garde d’Internet, qu’est-ce qu’on jette? Comment on estime le caractère indispensable de tel ou tel usage? C’est quoi les trucs qu’il faut absolument toujours avoir en ligne? Communication synchrone ou asynchrone? Systèmes (dé)centralisés ou distribués? “Il faut un accès permanent à la culture!” - oui mais laquelle? et qui choisit entre Patrick Sébastien, Mozart, Slayer, Léo Ferré, Alizée et NTM?

J’ai décroché sur ces derniers questionnements, à essayer d’estimer la pertinence artistique et écologique du streaming du dernier album de Renaud - c’est des reprises, du coup c’est écolo ou pas?

Fractaloscopies

Dans la salle des colonnes je suis attiré par une curieuse installation, trois microscopes sont reliés à un ordinateur qui projette les images sur un écran dans la salle. Un bouton sur le côté permet d’alterner entre les différentes images ou de les combiner en une seule. La personne qui est en train de finir de régler les lentilles des microscopes a rapporté des échantillons de mousses, feuilles, plumes et autres petits bouts de natures qui se trouvent ici combinés en fascinants paysages du micromonde aux teintes vertes et aux motifs fractales.

J’ai phasé un bon moment à regarder les images évoluer, c’était très agréable pour les yeux et ça faisait sens avec les discussions écolo-prospectives.

For fun is profit

Fini de réfléchir, je vais me chercher à boire au bar et comme on est en autogestion, j’en profite pour y rester et servir les autres. Mode pipelette activé.

Après les derniers ateliers on déménage le bar et nos personnes à la Semencerie, où d’autrEs s’activaient à la préparation du repas, et on partage l’apéro toustes ensemble. Papotages. La musique adoucit les oreilles des estomacs biens remplis, l’audace précède inévitablement la lucidité face au mode Hard du Ninja.

Photo d'ambiance en début de soirée à La Semencerie

On part en groupe pour notre hébergement pas très tard, papotages de trajet, présentation au chat qui nous accueille puis répartition des couchages, dodo.

Vendredi 27

Techno partout police partout

Après café et petit déjeuner, notre petit groupe prend la direction du centre démocratique du peuple Kurde, où les bénévoles nous accueillent chaleureusement, pour assister à l’intervention de La Quadrature du Net (LQDN), l’association de lutte pour les libertés numériques qui a marqué la jurisprudence européenne de son empreinte. Cyber-déter’, ses membres nous présentent le catalogue des nouveautés techno-dystopiques que l’industrie de la surveillance développe et que nos élu⋅es légalisent.

Ces technologies autoritaires reposant sur l’exploitation d’ensembles massifs de données par des algorithmes automatisés sont documentées depuis le début par LQDN sur son site pour le plan national et à travers les groupes locaux Technopolice sur les initiatives au niveau des villes, communes et métropoles.

La discussion s’engage forcément autour des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, utilisés comme prétexte d’une telle offensive législative dont les principales bénéficiaires sont les entreprises qui développent ces nouveaux outils de surveillance. D’abord d’un point de vue financier évident en obtenant de nouveaux contrats commerciaux, mais également d’un point de vue technologique en ayant l’opportunité d’expérimenter et d’améliorer leurs logiciels sur une population nombreuse et diverse dont les comportements seront scrutés par une infrastructure panoptique mis en place et continuellement renouvellée depuis longtemps dans notre pays.

La résistance à ces attaques des libertés publiques passe par un fastidieux travail juridique et administratif pour obtenir les informations et poursuivre les abus auprès des organes de régulation, mais peut également prendre la forme d’interventions artistiques ou militantes permettant de visibiliser les systèmes de contrôle voire d’abuser de leur fonctionnement.

Aprem de flemme informelle

Après cette matinée très dystopique, on digère les informations pendant le repas et on en évacue la charge anxiogène en imaginant les moyens de troller ces panoptiques technologies dans la joie et la bonne humeur. Je papillonne entre la cafetière, papotte papotte, la grande table, papotte papotte, et après consultation du programme je décide d’exercer mon droit à la paresse dans le canapé de la Hackstub en attendant que l’atelier radio des Mains dans la prise débute.

Photo de l'entrée de la Hackstub

Je bidouille mon ordi avec un collègue pour finir de configurer Maltego, un outil de recherche et de représentation graphique d’informations obtenues en sources ouvertes (abrégé OSINT Open Source INTeligence en anglais ou ROSO Renseignements Obtenus en Sources Ouvertes en français) et d’y rajouter les extensions développées et mises à disposition gratuitement par reflets.info qui ajoutent la possibilité de rechercher des informations sur les entreprises, leurs dirigeant⋅es et leurs bénéficiaires via le site pappers.fr.

Pendant ces tripatouillages, l’atelier de préparation de l’émission radio se met en place, on présente le projet d’émission collective: sa durée totale, le découpage en séquences, les types de séquences possibles, leurs durées. Chacun⋅e peut proposer ses idées, certain⋅es préparent des interviews à enregistrer pendant le festival, d’autres des pastilles sonores qui ponctueront l’émission. Dans cette athmosphère radio libre, nous vient l’idée d’une petite séquence radio façon interview pour expliquer ce qu’est le ROSO, qui l’utilise, avec quels outils et quelles sources de données sont disponibles.

Bidouille le reste de l’aprem à cartographier les entreprises de surveillance qui vendent de la VSA, et après un excellent repas, s’improvise un groupe de musique électronique autour d’une enceinte roulante et d’une mixette 4 canaux. On sort les PC, les contrôleurs MIDI et analogiques chelous, on branche tout ensemble et un fois qu’on a trouvé un semblant de beat pour mettre un peu d’harmonie dans l’ensemble, le jam expérimental se déploie et répand ses accords chelous et entêtants dans la Semencerie.

Boule disco à facettes à La Semencerie

Coup de barre vers 23h, faut garder de l’énergie pour les deux derniers jours, je fais le raisonnable et rentre tôt.

Chamedi 28

Hacktivisme

Émergeant du pays des songes tel l’hippopotame du marigot, la perspective d’une tasse de café chaude m’appelle à la Semencerie où j’arrive vers midi, juste à temps pour manger avant l’Assemblée Générale. Moments de vie et d’organisation incontournables de toute structure autogérée, les assemblées générales rassemblent toustes les participant⋅es pour s’échanger des informations, parler de ce qui va, de ce qui ne va pas, exprimer ses opinions, prendre des décisions collectives et se répartir les tâches au sein du groupe.

Lors de celle-ci, nous apprenons que la communauté kurde a été durement frappée dans la nuit, une douzaine de ses militant⋅es ayant été arrêté en France et Belgique pendant la nuit et inculpé⋅es de financement et apologie du terrorisme pour leurs activités. Une partie des personnes accusées travaille pour deux chaines de télévision kurdes, les autres participent aux collectes de dons à destination du parti des travailleu⋅rs⋅ses du Kurdistan (PKK) qui est considéré comme groupe terroriste par la Turquie et l’Europe.

Logo du centre démocratique du peuple kurde

Un rassemblement de soutien est prévu devant la gare, nous décidons de nous y joindre, par conviction ou solidarité, la communauté Kurde nous ayant généreusement mis à disposition ses locaux, leur apporter du soutien par notre présence nous apparaissait évident.

Réalisation d’une banderole “Les dictatures silencient les médias” en 2-2 et nous partons donc pour rejoindre le petit groupe de militant⋅es kurdes devant la gare.

En arrivant, on nous distribue des pancartes à la mémoire des prisonniers politiques et des drapeaux aux couleurs des mouvements kurdes, le groupe se met en place desrrière les banderoles, puis commencent les discours en français et en kurde.

Après un rappel des faits et un historique des attaques subies par la communauté kurde ces dernières années, la complicité de la France et de l’Europe dans la répression politique du PKK hors des frontières turques est dénoncée au mégaphone, les voix des militants rebondissant autour de la place en écho.

Fin des discours, on replie les drapeaux, les militant⋅es kurdes nous remercient d’avoir été à leurs côtés pendant le rassemblement et de partager leurs valeurs, on papote un peu sur place avant de s’en retourner à la Semencerie.

Vu à la radio

C’est bientôt l’heure de l’émission Les Mains Dans La Prise #3 en direct des universités et je suis à la bourre! J’ai abandonné l’idée d’une séquence d’ASMR à partir de bruits de crochetage face à l’abondance de sons chelous déjà au programme et finalement opté pour la création d’un jingle Interhack bricolé avec les voix de personnes présentes. Ça a donné ce truc, fait à l’arrache sur Audacity.

Toujours à la bourre, on s’accorde avec les camarades d’OSINT sur ce qu’on va dire pendant notre passage en direct, 10 minutes avant de devoir passer au micro #PressurePleasure, alors que Radio Caddie, le caddie de diffusion radiophonique autonome qui prête son matériel pour l’émission, fait les derniers ajustements du studio mobile.

On allume des postes de radio plus ou moins déglingués un peu partout dans la semencerie, on savoure les parasites en cherchant la bonne fréquence et l’approbation générale ("[Choeur à plusieurs voix] Aaaaaaah!") quand nous parviennent les premiers sons par voie hertzienne.

L’émission démarre fort, autogestion de la rigolade, interviews d’appareils électr(on)iques, de participant⋅es au festival, sons chelous, émissions du futur, ASMR kéfir et kombucha, puis vient notre tour de parler d’OSINT, de rançongiciels, d’exploitation des données en sources ouvertes par les journalistes, les chercheu⋅rs⋅ses en sécurité informatique. Soulagés d’avoir réussi à pas faire complètement n’importe quoi au micro d’une radio d’envergure internationale, on laisse le caddie repartir dehors pendant une interlude pour interviewer les voisins qui se construisaient des chars de manif en vue d’une mobilisation anti-JOP.

Banderole anti-JOP, un texte Champions surplombe les anneaux olympiques portant les mentions: de la misère, de de l'exploitation, de la guerre, de la pollution, du flicage

Vous pouvez retrouver l’émission dans son intégralité sur le site “Les mains dans la prise” indiqué en introduction.

Musiques à l’aveugle

Le planning ayant été décalé par la manif, je suis un peu perdu dans les ateliers en cours et rejoins en cours de route celui sur l’électricité nomade qui présente un système son mobile et modulable créé presque entièrement à partir de composants réutilisés. Malgré ma faible culture en matière d’électricité, j’arrive à peu près à comprendre. Une des participante à l’atelier étant malvoyante c’est aussi un exercice intéressant de mise en accessibilité des savoirs techniques au plus grand nombre.

Caddie contenant une batterie, un panneau solaire et des enceintes formant un système son portatif autonome

De retour dans la grande salle, un test de connaissances musicales (blind test) a été lancé et une trentaine de personnes réparties en deux équipes s’efforcent de reconnaitre les extraits musicaux que les animatrices diffusent, un point pour l’artiste, un point pour le titre. Je suis arrivé trop tard pour choisir une équipe, mais je sais reconnaître 113 dès les premières notes de caisse claire des “Princes de la ville” tavu, team tatouée +2.

Le jeu se termine quand les premières assiettes se remplissent (victoire éclatante des tatoué⋅es), une grosse enceinte mobile est réquisitionnée pour mettre du (gros) son puis commencent les départs pour le Molodoi où doit avoir lieu une soirée de soutien à la Palestine. Je me mêle à la team rangement et nettoyage des espaces communs, l’aspirateur manuel est incroyable, le ménage se fait dans la bonne humeur d’autant qu’on est suffisament pour le faire vite, puis on décale toustes au Molodoï.

HackQueers stand for Palestine!

Le Molodoï est une salle de concert associative autogérée située à 800 mètres (à vue de pieds) de la Semencerie qui accueille et organise une grande partie des évènements de la scène alternative strasbourgeoise.

Façade du Molodoï, de jour

Ce soir là c’est soirée de soutien des artistes et hackers à la Palestine à l’initiative du Bloc Révolutionnaire Insurrectionnel Féministe et d’autres associations militantes, les bénévoles de la Hackstub et du Molodoï fournissant les bras pour accueillir le public et servir des bières.

Banderole du Bloc Révolutionnaire Insurrectionel Féministe à côté d'un drapeau de la Palestine

Passage au stand des anarcha-féministes pour assouvir mon addiction aux autocollants et au bar pour la soif, je rejoins le groupe pendant la prestation drag de Mizkeen venue chanter ses propres compositions et des reprises accompagnée d’un DJ.

L'artiste Mizkeen accompagnée de son DJ sur la scène du Molodoï

Je fais la navette entre dedans et dehors, entre prendre une bière au bar et papoter au coin fumeur, la musique est pas folle, mais l’ambiance est cool. Le DJ meuble les intersessions avec des sons électro-dansants, deuxième passage de Mizkeen puis le DJ reprend le son jusqu’en fin de soirée.

Photographie de groupe Interhack devant le Molodoi, les visages ont été masqués par des fleurs

Petite photo de groupe Interhack, papotages papotages, retour à l’appart’ en groupe désorganisé à une heure déraisonnable.

Dimanche 29

Sharing littérature is caring culturEs

Dernier réveil à strass’, un peu sec de la veille, je plie bagages et pars pour la Semencerie. Autour du café, je papote littérature et utopies avec les Petites Singularités, leur parle du livre révélation du moment à lire absolument “Hyperjeu” et l’échange s’oriente sur la ludification des luttes, de l’humour qui manque souvent dans les militantismes, d’imaginer un futur utopique proche, plutôt qu’un idéal lointain et impalpable.

Puisque j’ai fini mon bouquin, je profite de cet échange pour acquérir des exemplaires de leurs recueils de nouvelles de fiction spéculatives créés dans le cadre du projet THX, présenté ici

Papoti patata

Quelqu’un⋅e a eu la bonne idée de mettre en place une machine pour réaliser ses propres autocollants à la Hackstub, je passe donc un long moment à explorer la boite à autocollants, comme à chaque festival.

Mon départ est pour le début d’aprem, j’ai le temps de faire encore quelques tours et boire quelques cafés, je me pose autour d’une table basse et papote avec les personnes autour de tout et de rien, en vrac:

  • Retour sur l’émission radio OSINT de la veille pour avoir les références des sites et outils mentionnés.
  • Discussion autour de la notion de vie privée dans la lutte contre la surveillance globale, quelle vie privée défendre dans l’espace public? Défendre le droit à l’anonymat? au pseudonymat? à l’intimité?
  • Comment organiser l’administration de services décentralisés sans administrat⋅eurs⋅rices? Comment faire péter la frontière user/admin, permettre l’autonomie des usager⋅es?
  • Mini-débat sur les techniques de dissimulation et interférence des appareils de captation vidéo.

C’est finalement l’heure pour moi de partir, j’embrasse toustes celleux que je croise et prends le chemin du retour, la tête pleine d’idées, le PC plein de #datalove et le coeur plein d’amûr!

Bilan et prospective

[Résumé lapidaire]

C’était trop bien! Hackstub vous déchirez tout!

[/Résumé lapidaire]

Étant “membre d’une sous-culture immmorale” et allergique à la norme, il m’est difficile de me sentir à l’aise en société sans être constamment sur mes gardes. C’est dans la culture des hackerspaces où se retrouvent des gens qui rejettent, refusent ou contestent les normes et la doxa et cherchent à se donner des moyens de résister que je me sens épanoui, n’ayant pas à craindre de jugement pour m’être posé des questions et avoir partagé des idées. Ici la divergence et l’altérité c’est chouette! Je loupe la plupart des conférences et je repars toujours en ayant la sensation d’avoir passé mon temps à papoter sans rien faire d’utile, mais c’est aussi pour ça que j’aime revenir et revoir tout le monde, le temps passé avec vous toustes n’est jamais gâché. Conséquemment je suis sans doute un peu trop enthousiaste et idéaliste vis à vis de l’interhack, mais je le vis bien. [Objectivité compromise]

Les interhacks sont donc pour moi toujours des espaces-temps euphoriques où j’essaie de partager le meilleur de moi-même avec des gens que j’apprécie et estime. Au-delà du fun partagé, se retrouver permet aussi de parler des évènements moins cool qui nous arrivent, collectivement ou individuellement, dans la vie perso, la santé ou le travail et s’apporter du soutien quand c’est possible ou au moins une oreille attentive qui ne jugera pas. C’est important aussi de savoir qu’on peut compter sur ces moments, coeur sur vous toustes.

Un énorme big up à toustes les bénévoles de Hackstub, l’organisation était aux petits oignons, on était plusieurs franciliens à prendre une sacrée leçon de gestion de l’espace, le Fuz va finir étiquetté de partout! Vous avez impliqué d’autres collectifs, d’autres assos autour, trouvé des lieux pour accueillir toutes les activités, tenu le rythme des repas pour tout le monde, taf incroyable et grosse déter, mille mercis, vous m’avez direct transmis votre énergie! Merci à la personne adorable (j’ai dis je poucave personne) qui nous a invité à squatter son salon pendant les quatre jours, plein d’amûr et de #datalove!

Sur le plan Interhack, c’est essentiel qu’on garde une certaine régularité pour ces évènements, ça entretien les liens entre nous, entre les collectifs et concrétise un peu chaque fois l’utopie interhack. On a beaucoup échangé autour de l’avenir à donner à Interhack, les moyens à mettre dans l’infrastructure humaine et technique, la forme que ce collectif devrait prendre. Y a des volontés aussi de faire un camp d’été Interhack, potentiellement sur plus longtemps, possiblement à l’Antenne, un peu sur le format résidence artistique.

[Troll]

On a pas beaucoup parlé de l’organisation d’universités à Paris, mais promis on y pense, hein!

[/Troll]

Mille mercis à toustes celleux avec qui j’ai partagé cet évènement ou qui y ont contribué de près ou de loin (Big Up aux agent⋅es de la DGSI assigné⋅es à la “menace cyber intérieure”, changez rien vous êtes au top), grâce à vous j’ai l’impression qu’on peut encore faire des trucs cools marrants et inutiles dans ce monde matrixé.

Much #Datalove y’all

Kholah pour La Bidouille @ Interhack